Come as you are
« J’aimerais que chaque photo soit un monde en soi, un monde immersif. Que l’on ne sache pas ce qui relève de la scénographie ou de la vie. » Cela fait dix ans que Laetitia Bica associe ses réflexions à l’écriture, avant de passer au medium photographique. Avec elle, on est d’emblée plongé dans une conversation sans fin, riche, circonvolutive, concomitante à la mise en scène et à la co-création. Elle tient à ce « co », car on ne réalise rien tout.e seul.e. Avec elle, c’est généreux. Vous ne trouverez pas une once d’élitisme. Sa porte est grande ouverte, soyez les bienvenu.es. C’est une exposition en forme d’invitation, dès l’origine. Une invitation à faire communauté, à se positionner dans un espace commun, un espace de rencontres. Une invitation à trouver sa place, à prendre son envol dans une narration intime. Additionnée l’une à l’autre, elles forment le choeur d’une humanité revendiquée et commune. En un mois de résidence, au quatrième étage du Mad Brussels, Laetitia Bica a installé un studio photo, qui ne se réduisit pas seulement à un studio photo : ce fut un lieu d’échanges et de partage et d’inventions. Une safe place aussi où chaque personne avait le droit de se dire et se montrer devant l’objectif de la photographe, se glissant dans des vêtements de créateurices belges qui leur font comme une seconde peau. Rien n’était figé d’avance, rien ne le sera après. Laetitia Bica se laisse la liberté d’entrer en résonance avec son modèle, elle chérit l’art de la performance, des make-up et des effets spéciaux qui révèlent sans jamais rien camoufler. Elle fait appel à tous les sens, il n’y a pas de raison de se contraindre sous prétexte qu’on est en 2D et que le support est photographique. Laetitia occupe un espace, elle l’occupe avec d’autres - le collectif importe pour elle. Et si elle participe à sa monstration, c’est parce que la visibilité importe tout autant. Car il s’agit de faire entrer les utopies dans la réalité de ce monde. Elle a rassemblé des personnes venues de tous les horizons : danseur•euse•s, drag , performeur•euse•s, DJs, make-up artist, comédien•ene•s… Elle met en lumière les corps, tous les corps, habités, qui racontent leur singularité, qui se moquent des proportions. Et dans les mondes à la lisières des nôtres, elle trouve les brèches. Laetitia Bica ne force jamais rien, elle permet à la lumière de se glisser dans les interstices. Voilà pourquoi on ne sera pas étonné d’entrapercevoir nos animalités secrètes ainsi photographiées.
Anne-Françoise Moyson
Come as you are
« I want each photograph to be a world on its own, an immersive world where the separation
between scenography and real life becomes faded. »
Laetitia Bica had been putting her thoughts into writing for ten years, before moving on to photography. She engages us all in an endless, rich,
ongoing conversation that goes hand in hand with staging and co-creation. She emphasises this ‘co’, because nothing can be accomplished on one’s own.
With her, it’s generous. There’s not a single hint of elitism. Her door is wide open, everybody is welcome.
This exhibition is an invitation, right from the start. An invitation to form a community,
to take a stance in a shared space, a space for encounters. An invitation to fit in, to be part of an intimate narrative.
Together, they create the voice of an asserted and common humanity.
For an entire month, Laetitia Bica set up a photo studio on the fourth floor of MAD Brussels.
However, it was much more than just a photo studio: it was a place for sharing and creating.
It was a safe place, where everyone had the right to express themselves and to pose before
the photographer’s lens. Dressed in clothes by Belgian designers, which felt like a second skin.
Nothing was set in stone beforehand, and nothing will be afterwards.
Laetitia Bica allows herself the freedom to interact with her model, cherishing the art
of performance, make-up and special effects which reveal but never conceal.
She engages with all the senses.
There’s no reason to be restricted simply because photography is two-dimensional.
When Laetitia occupies a space, she does so with others. The collective is essential to her.
If she is part of its display, it’s because visibility is just as important.
After all, it’s all about bringing utopian ideas into the real world.
She has brought together people from all walks of life: dancers, drag artists, performers,
DJs, make-up artists, comedians... She focuses on the body, all types, telling the story
of their singularity, making a mockery of scale. In the universes at the edge of one’s own, she finds the gaps.
Laetitia Bica never forces anything, she allows light to slip into the cracks.
That’s why it should be no surprise when one catches a glimpse of human’s secret animal self in these photographs.
Anne-Françoise Moyson
Captation opening show and exhibition views : ©Annika Wallis - 2025
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